La résilience territoriale désigne la capacité d’un territoire à s’adapter, à se réorganiser et à se remettre rapidement face aux chocs ou aux perturbations. Cela peut concerner des événements naturels (inondations, tempêtes, séismes), des crises sociales, économiques ou même sanitaires. L’idée est que ces territoires doivent non seulement se préparer aux crises, mais aussi renforcer leur capacité à en sortir plus forts et à minimiser les effets à long terme. Le but n’étant pas qu’ils ne changent pas et traversent indemnes les tempêtes et les crises, mais qu’ils puissent s’adapter et se réorganiser, trouver d’autres manières de fonctionner pendant et après les crises.

La résilience territoriale passe par plusieurs dimensions :

    1. Adaptation aux changements : Les territoires doivent anticiper les évolutions environnementales, climatiques, économiques et sociales pour pouvoir réagir de manière agile et efficiente.
    2. Diversité économique et sociale : Plus un territoire est diversifié, moins il est vulnérable à une crise spécifique. Par exemple, un territoire qui dépend fortement d’un seul secteur économique est plus exposé aux risques.
    3. Solidarité et coopération : Les relations entre les habitants, les acteurs locaux, et les structures publiques et privées jouent un rôle crucial dans la capacité à se soutenir lors d’une crise.
    4. Gestion des risques et prévention : Il s’agit de réduire la vulnérabilité avant qu’un choc n’arrive, notamment en mettant en place des infrastructures résilientes et en développant des plans d’urgence.

La résilience territoriale implique donc une approche holistique qui combine prévention, gestion des risques et adaptation, pour rendre un territoire plus robuste face aux imprévus.

 

La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents

Boris Cyrulnik

Certains chercheurs critiquent l’utilisation du terme résilience, car il peut parfois être perçu comme trop vague ou trop simpliste pour décrire des phénomènes complexes. Voici quelques raisons pour lesquelles ce terme peut être mal vu dans certains milieux académiques :

  1. Ambiguïté du concept : La résilience est un terme qui peut avoir des significations très variées selon les disciplines. En psychologie, en écologie, en économie ou en sociologie, il peut être interprété différemment. Cette diversité d’interprétations peut rendre difficile de définir un cadre théorique unifié. Certains chercheurs estiment qu’en l’utilisant de manière trop générale, on risque de perdre la profondeur et la précision nécessaires pour traiter des problèmes spécifiques.
  2. Risque de « culpabiliser » les victimes : Certains critiques soulignent que l’accent mis sur la résilience, notamment dans les contextes sociaux ou psychologiques, peut entraîner une responsabilisation excessive des individus face à leurs difficultés et effacer les questions sociétales. Plutôt que de se concentrer sur les causes structurelles (inégalités, pauvreté, changement climatique, organisation sociale), on peut parfois renvoyer l’idée que les individus doivent simplement être plus résilients pour surmonter leurs épreuves. Cela pourrait être perçu comme une manière de « détourner » l’attention des vrais problèmes systémiques.
  3. Minimisation de la gravité des crises : La résilience, mal comprise, implique souvent l’idée que, quelles que soient les circonstances, les personnes ou les systèmes finissent par se rétablir. Certains chercheurs critiquent cette idée, estimant qu’elle peut sous-estimer l’ampleur de certaines crises. Par exemple, dans le cas de catastrophes majeures ou de situations de violence extrême, la notion de résilience pourrait minimiser la nécessité de changements profonds et de réponses structurelles, en réduisant tout à un simple retour à la « normale », ce qui n’est pas toujours possible voire même souhaitable.
  4. Risque de « normalisation » de l’adversité : Enfin, certains critiquent l’idée que la résilience pourrait amener à normaliser les crises et les inégalités, car cela peut conduire à penser que les perturbations, les injustices ou les désastres font simplement partie du « jeu », et que tout le monde doit simplement apprendre à y faire face. Cela peut détourner l’attention des efforts nécessaires pour prévenir ou résoudre ces problèmes à leur source.

 

Nous comprenons pleinement ces critiques et c’est pour cela que notre conception de la résilience les intègre et tente d’éviter ces écueils. De notre point de vue, un projet de résilience territoriale vise à renforcer la capacité d’un territoire à faire face aux crises, aux changements et aux perturbations tout en continuant à se développer de manière durable. Cela implique d’avoir une politique d’adaptation face à des risques systémiques (et sortir du déni de leurs occurence et impacts), une diversification économique afin de réduire la dépendance et la vulnérabilité d’un territoire mais également le renforcement de la cohésion sociale et locale dans une perspective long term

En résumé, un projet de résilience territoriale permet à un territoire de se préparer ensemble à l’incertitude, de répondre aux défis de manière flexible et d’assurer un avenir plus durable, équilibré et solidaire pour ses habitants et ses acteurs économiques.